18 - Taxotere la sournoise !
Le jeudi post-chimio est difficile, les vomissements perdurent....
Heureusement que maman est à mes côtés.
Ma nuque me fait terriblement mal, je crois que cela vient des cervicales. Ma tête est lourde, si lourde...
J'ai le sentiment que mon cou ne peut plus porter ma tête.
Mes lèvres sont craquelées, gercées, suintantes. Et les commissures sont irritées, je peine quand il faut ouvrir la bouche, parler ou manger...
Mon nez saigne de manière intempestive, imprévisible et ma gorge commence à s'irriter...
Fichu Taxotere ! Je sens le produit s'immiscer dans mon corps, il tisse sournoisement sa toile avec pour objectif évident de l'envahir totalement, de s'accaparer chaque centimètre de moi...
Il s'attaque à toutes mes muqueuses et ne délaisse pas pour autant l'extérieur de mon corps car, parallèlement, il se délecte de ma peau dont il semble absorber l'eau tant elle se dessèche...
Ma belle-sœur A. et sa magnifique fille C. nous amènent le diner.
Les enfants et maman apprécient ce bon repas, préparé avec amour...
Je ne reconnais aucun goût, je n'ai aucun plaisir à manger mais je m'y résous tout de même car je suis très faible aujourd'hui. Je dois reprendre des forces...
Peine perdue parce que je ne parviens à rien garder.
Je suis lasse, si lasse...Je trouve la force de coucher Numéro 3 qui n'accepte d'être bordée par personne d'autre que maman...
Mes garçons comprennent que ce soir, le silence est d'or, ce soir, maman est mal...
Le lendemain, soit une semaine après la chimio, j'ai mal à la gorge...
L'attaque sournoise et vicieuse des muqueuses par mon camarade Taxotere se poursuit.
Les vomissements se calment mais je crache à présent du sang !
Néanmoins, je parviens à manger, j'ai très faim. Une amie m'a sagement dit qu'il fallait se nourrir, accepter de nourrir le cancer pour ne pas le laisser se nourrir de moi. J'ai bien retenu la leçon croyez-moi... Je réserve un taxi pour emmener Numéro 3 à ses rééducations après l'école...Ce que c'est difficile ces marches qu'il faut monter pour arriver chez la psychomotricienne puis reprendre le taxi pour aller chez l'orthophoniste dans une autre ville.
En rentrant à la maison, maman gère le goûter des garçons. Je me mets au lit et m'endors...pour une sieste salvatrice de fin de journée
A mon réveil, vers 20h, ma soeur R., son mari et leurs enfants viennent nous rendre visite pour le week-end. Je suis très heureuse de les voir. Ils ont fait beaucoup de route et cela me réconforte de me faire choyer par ma soeur, qui est très préoccupée depuis mon cancer et frustrée par la distance qui nous sépare. Ils amènent une tonne de victuailles, des cadeaux et le diner pour tout le monde.
Naturellement, les enfants, fans de pizzas et de leurs cousins, sont ravis. Et ils le sont encore plus, quand vers 22h, papa rentre de déplacement...
Je peux bien l'avouer, je suis très heureuse et soulagée.
Nous avons l'habitude des déplacements professionnels de papa mais depuis mon cancer, c'est compliqué...Pas seulement parce que j'ai besoin de sa présence et de sa force, mais aussi parce que les enfants ont besoin d'une autorité, d'un pilier, d'une boussole pour ne pas perdre le Nord !
Nous passons une belle soirée pendant laquelle nous rions beaucoup...Ça fait un bien fou au moral, le rire-médicament n'est pas une légende croyez-moi !
J9, je me lève en ce samedi 7 février sans voix, aphone...Je ne peux plus parler, Taxorere poursuivant sa besogne avidement...
Ce midi, nous sommes tous invités à déjeuner chez ma belle-sœur M.
Vous ai-je déjà parlé de M. ?