17 - Maman avec un cancer, oui, et alors ?
En ce mercredi après-midi post chimio, je me sens très fatiguée car je me vide littéralement...
Je trouve la force d'aller déposer au foot mon fils cadet S., que je nommerai, pour des raisons pratiques, Numéro 2.
Numéro 1 et Numéro 3 sont restés à la maison avec ma maman.
Je me suis arrangée avec la mère d'un copain de Numéro 2 qui le ramènera à la maison après le foot.
A mon retour, ma belle-sœur H. nous rend visite. Elle habite dans les Hauts-de-Seine et exerce avec amour la profession d'ATSEM dans une section de tout-petits.
H. sort Numéro 3 au parc pour que je prenne du repos puis elle s'attèle au repassage.
Il faut que je vous dise que H. est plus qu'une belle-sœur, c'est une soeur voire une mère comme toutes mes belles-sœurs.
Mon mari est le "petit dernier" d'une famille nombreuse. L'écart d'âge étant important, il a toujours été de chouchou de la famille !
Nous nous sommes rencontrés très jeunes et j'ai, pour ainsi dire, fini de grandir auprès de ma seconde famille, la mienne étant loin...
Je suis livide, verte même je crois bien...Je ne quitte pas le canapé tant les vomissements sont intenses. Vive les haricots et bassines en tout genre ! La grande classe, je vous promets...
Numéro 2 rentre du foot et me demande s'il peut sortir jouer avec un copain. Mon cadet a 9 ans et un tempérament tout-feu tout-flamme. Du coup, je l'y autorise, à condition qu'il joue dans notre jardin ou derrière la maison (nous avons la chance d'avoir une coulée verte à proximité, une promenade plantée où les enfants peuvent jouer en sécurité mais où ils doivent tout de même habilement slalomer pour éviter les déjections canines. Vous savez, celles laissées par les chiens pendant que les maîtres regardent en l'air...).
Mon autre belle-sœur M. arrive avec sa fille N. et un bon goûter pour tout le monde.
Maman s'affaire à vider et nettoyer les haricots quand tout-à-coup, quelqu'un tambourine à la porte.
H. ouvre. C'est une de mes voisines S. qui me ramène Numéro 2 en larmes.
- Je l'ai retrouvé errant sur la route devant ma maison. Il pleurait et semble avoir chuté de vélo. De vélo ??? Mais, il n'a jamais parlé de prendre son vélo. Et pas de casque !
Je bondis du canapé. Si si, je fais ça...l'instinct d'une maman fait déplacer des montagnes parait-il...
Numéro 2 est bien amoché : il a un énorme œuf sur le front, la lèvre supérieure a triplé de volume, il a des égratignures sur les genoux et les mains. Mais ce qui m'inquiète le plus, c'est qu'il nous demande ce qu'on fait là, pourquoi nous le regardons et ce qu'il s'est passé.
Il a oublié tout ce qui vient de se produire depuis son retour du foot.
On lui met de la glace et de la crème sur les hématomes.
Je décide de l'emmener aux urgences car je crains un traumatisme crânien d'autant que personne n'a assisté à la scène...
Comme je tiens à peine debout, M. nous emmène en voiture à l'hôpital.
Équipée de mon haricot et de mon masque, je n'en mène pas large...
Aux urgences, j'explique la situation et j'insiste sur le fait que je ne peux pas attendre en salle d'attente, mes défenses immunitaires étant faibles...
Le secrétaire n'en a que faire et me demande d'attendre comme tout le monde...J'ai une envie de l'insulter de toute sorte de nom d'oiseaux mais je parviens à me maîtriser surtout que je dois être exemplaire devant mon fils.
Nous patientons une vingtaine de minutes quand un infirmier nous appelle. Il est chargé de "filtrer" les patients pour organiser un ordre de priorité.
Il m'interroge sur les raisons de notre venue. J'explique la chute, l'amnésie temporaire et l'aplasie.
L'infirmier décide de nous isoler dans un box pour ne pas m'exposer aux virus de la salle d'attente.
Évidemment, je trouve cet infirmier super intelligent, super cool, super TOUT !
Le médecin, qui a eu vent de mon cancer, vient très rapidement examiner mon fils pour nous faire attendre le moins possible.
Les réflexes neurologiques de Numéro 2 sont bons mais par sécurité, il est gardé en observation pendant près de trois longues heures...
Effet psychologique ou pas, les vomissements se sont interrompus, toute focalisée que je suis sur mon enfant.
Au moment où il recommence à s'agiter beaucoup et à redevenir turbulent, sa tante et moi comprenons qu'il va bien, il redevient lui-même et cela nous rassure. Ouf, plus de peur que de mal !
Numéro 2, "victime" d'un traumatisme crânien benin, échappe à deux jours d'école sous la surveillance de sa maman et sa mamie. Et bien sûr, ces péripéties se produisent quand papa est en déplacement professionnel.
Ce soir-là, je me suis endormie, exténuée, en quelques secondes après m'être fait la réflexion suivante : " Qu'il est difficile d'être une maman atteinte d'un cancer quand les enfants sont jeunes..."