20 - Rester debout...coûte que coûte
J17, post première cure. Les vomissements se sont bien atténués mais la fatigue est encore présente.
En Ile-de-France, les vacances d'hiver ont commencé. Cela ne va pas être facile pour moi d'occuper mes trois enfants, d'autant que mon mari sera en déplacement professionnel à l'étranger du lundi au jeudi soir de cette première semaine de vacances...
Mes sœurs et mes parents insistent pour que Numéros 1 et 2 viennent passer du temps chez eux dans le Nord. Je considère sérieusement leur proposition.
Adolescence oblige, Numéro 1 est un véritable "geek" et préfère rester à la maison, connecté à ses amis réels ou virtuels...
Numero 2 est ravi d'aller passer du temps avec ses cousins même si ceux-ci ne sont pas encore en vacances.
En ce dimanche, super papa fait donc près de 300 km aller puis retour pour déposer Numero 2 dans ma famille. Je remercie au passage du fond de mon cœur mes chers parents, frères et sœurs qui, malgré la distance, font preuve d'imagination, d'organisation et de dévouement pour me soutenir et m'accompagner...mille mercis...Je vous aime tant !
Pendant cette troisième semaine post-chimio, de nouveaux effets secondaires apparaissent.
Mon œil gauche se met à clignoter de manière intempestive et totalement incontrôlé pendant plusieurs jours puis c'est le gauche qui prend le relai, un feu tricolore à moi toute seule ! L'atteinte du Taxotere est désormais aussi neurologique...
Et ce n'est pas tout...Mes cheveux commencent à chuter. Bien que mon oncologue m'ait prévenue, cela fait un véritable choc de voir des mèches entières rester dans ma main lorsque je passe les doigts dans mes cheveux.
Naturellement, j'ai pris soin de couper mes cheveux avant la cure de chimio. Je suis passée de cheveux longs ondulés et méchés à des cheveux courts, coupés au carré.
En trois jours seulement, je me retrouve avec des trous béants dans ma chevelure...Cette altération de mon image est très dure à accepter.
Je retrouve des cheveux partout dans la maison, jusque sur mes tartines du petit déjeuner ! Miam miam...
Mercredi 18 février, je n'en peux plus de voir mes cheveux partout. Je déprime sérieusement, je pleure à chaudes larmes pour la toute première fois depuis le début de cette épreuve, tant mon moral est bas.
On m'a annoncé un cancer du sein, je suis restée debout. On m'a annoncé un HER2+++, je suis restée debout. Une partie de mes cheveux est tombée et je me suis écroulée...
Alors voilà, s'il est vrai que je n'ai pas la maîtrise de ma maladie ni même de ses traitements, je peux et je veux maîtriser le moment fatidique de la perte des cheveux.
J'échange des messages avec mon amie S en soirée. Elle sent mon désarroi et ma peine...et hop, moins d'une heure après, la voilà qui franchit le seuil de ma porte, les bras chargés de tisanes et pâtisseries, accompagnée de son mari H.
Ce dernier est venu emmener Numéro 1 au cinéma histoire de lui changer les idées ; mon ado est absolument ravi de cette sortie improvisée.
Avec S., on discute, on pleure, on rit et on choisit un gîte en Normandie où nous passerons tous ensemble, couples et enfants, la seconde semaine des vacances de février.
S. me somme de préparer un sac pour ma petite Numéro 3 car elle l'emmène dormir chez elle.
- Fais tout ce que tu as à faire demain tranquillement, je m'occupe de Numero 3. Tout ira bien...
Je profite de cet article ma chère S. pour te remercier du fond de mon cœur. Merci d'être une si belle personne, merci pour ta bienveillance, merci pour toutes tes attentions toujours si justes, merci de ta présence et de ton soutien...Tu as un formidable don, tu pressens quand je ne suis pas bien avant même que je ne m'en rendre compte...Bien plus qu'une amie, tu es devenue une soeur...
Jeudi 19 février, nous sommes à J-1 avant la seconde cure, la journée est chargée.
Je dois faire prélever mon sang au labo, récupérer les résultats et m'assurer qu'ils ont été faxés à l'hôpital (sans cela, point de chimio possible le lendemain...), faire des courses et commencer à préparer les bagages pour notre escapade normande post seconde chimio, choisir et commander ma perruque...
J'ai lu quelque part (sans doutes dans tous les fascicules et catalogues transmis par l'IGR) qu'il vaut mieux choisir sa perruque tant qu'on a encore des cheveux, histoire que la teinte se rapproche au maximum de la couleur des "vrais" cheveux...
Le salon de coiffure de l'IGR propose des perruques à la vente uniquement sur rdv.
Dommage pour moi, les rdvs disponibles ne coïncident pas avec des dates de rdv médicaux déjà fixés. Je n'ai absolument aucune envie de faire toute cette route jusqu'à Villejuif "uniquement" pour choisir et commander ma perruque.
Je me renseigne donc auprès de mon pharmacien de quartier pour savoir s'il connaît une bonne adresse. Bingo ! Une de ses consœurs s'est spécialisée dans les appareillages, prothèses en tous genres et ô merveilles, les perruques...
Je me rends donc dans cette autre pharmacie située à 30 minutes de chez moi en voiture et choisis 6 modèles sur catalogue.
Rdv est pris : je reviendrai le 2 mars pour essayer les 6 perruques et déterminer si j'ai trouvé chaussure à mon pied, ou plutôt perruque à ma tête enfin bref, si j'ai trouvé mon bonheur...Comme si une perruque, véritable cache-misère, pouvait à elle seule me combler. Allez savoir pourquoi, je suis assez sceptique !
Et je profite aussi de ce dernier jour avant ma seconde cure pour prendre une grande décision.
Je ne veux pas, je ne peux pas attendre que le Taxotere me prive de tous mes cheveux. Il commence à y avoir des trous et mes cheveux sont disséminés dans toute la maison, qu'à cela ne tienne ! C'est décidé, aujourd'hui, je vais chez ma coiffeuse...
- Quelle coupe souhaites-tu ?
- Une coupe très très courte !
- Une coupe à la garçonne ?
- Non, une coupe à la tondeuse...
